lundi 4 juin 2012

CHLOÉ VITICULTRICE EN BOURGOGNE/reportage de Tïa-Calli Borlase & Gaétan Nocq















































Reportage chez Chloé Chevalier
viticultrice à Ladoix-Serrigny, Côte d’Or


Pas facile pour nous, néophytes, de mettre un pied dans les domaines viticoles de Côte
d’Or et pas facile pour Chloé – femme et jeune maman – d’a≤rmer son statut de viticultrice
en Bourgogne. Chloé, 25 ans est chef de culture et maître de chai dans le domaine
Chevalier à Ladoix-Serrigny. Elle a pris le relai de son père qui lui-même l’avait pris de
son père. La filiation naturelle du domaine remonte sur quatre générations.
Ici, dans le sérail des plus grands crus de Bourgogne– le Corton-Charlemagne est derrière
la colline– la féminisation du métier est encore discutable. «L’autre jour, j’étais accompagné
de mon beau-frère, plombier de son métier, pour faire déguster à des clients un vin
que j’avais produit. Et bien les questions s’adressaient toujours à lui, moi je n’existais
pas ! » nous lance Chloé. Et elle poursuit plus animée: «et ce n’est pas facile non plus du
côté professionnel. Lors de l’intronisation de la Saint-Vincent, le président – mon oncle
pourtant – a demandé à faire un vote à main levée uniquement pour mon intronisation
alors que les textes ne distinguent pas les sexes dans l’exercice de la profession.» Même si
Chloé est la quatrième d’une fratrie sans garçon, son choix ne fut pas une obligation pour
assumer la relève. «Très jeune je voulais déjà faire ce métier». Et ce n’est pas son premier
verre de vin à quatre ans qui lui en a donné l’idée mais plutôt lorsqu’elle suivait son père
dehors, dans les vignes. Et c’est à douze ans qu’elle posa la question fatidique à sa mère
«Maman, y a t-il des femmes viticultrices ? » Plus tard tout ira vite : un Bac agronomie
& zootechnie, un Bts au lycée viticole de Beaune, un stage en Corse (des vendanges de
nuit), puis un stage de deux moix en Californie (vinification du cêpage Pinot noir comme
en Bourgogne) et son père lui laisse prendre les rênes de la vinification du domaine en
2008.
«J’adore travailler dans les vignes surtout le matin.» Dit-elle avec un regard pétillant.
« En ce moment, je vérifie dans les parcelles s’il n’y a pas eu de gélée. Les gelée de printemps
sont les pires, il faut passer les saints de glace, après je serai plus tranquille.»
Puis elle continue sérieusement : «C’est un métier assez physique vous savez et je veux le
faire pleinement ! Chaque fois que je dois soulever une caisse ou déplacer un tonneau, on
me dissuade de le faire.» Mais une part du travail de vinification se fait aussi en laboratoire.
C’est en descendant dans la cave qu’elle nous dirige vers son petit labo. Un monde à
part. Un cube carrelé de blanc de 3 m2 composé d’un grand lavabo et d’une multitude
d’éprouvettes. Il s’isole de la salle des cuves en inox par une paroi de verre. «Ici c’est ma
pièce à moi et c’est là que tout se joue pour un vin. Après prélèvements, je vérifie les densités
de sucre. Le taux de sucre doit atteindre 990 quand le vin est fini.» Encore plus bas,
par un petit escalier, ce sont les voûtes et les rangées de fûts (pleins) et des milliers de
bouteilles bien rangées qui apparaissent silencieusement dans le clair obcur de la cave.
Mais Chloé nous abandonne car elle doit aller chercher sa fille. Le lendemain nous la croisons
en coup de vent, toute pimpante. Elle participe au 6ème concours des Féminalise au
Palais des congrès de Beaune. Un grand rassemblement de 550 femmes des métiers du vin
(viticultrices, oenologue, sommelières, etc.) qui viennent déguster et attribuer des prix à
des vins de toute la France. «Ça va me changer… pour Les Grands jours de Bourgogne j’étais
la seule femme!»

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire